Mise en scène
Mise en scène par Georges M'Boussi
"Sur la Braise" de Henri Djombo
Le spectacle « Sur la Braise » est pour moi un acte de dépossession. Un acte de désenvoûtement d’un jeune cadre, Niamo, victime d’un cannibalisme bureaucratique et familiale, et il marche sur un chemin pleins de braises chaudes. Ses pieds ne portent aucune trace physique. Sur son chemin, il rencontre des obstacles et des dangers, dont il se sert comme expériences. Il ne cherche pas à détruire mais à construire tout ce qui est autour de lui.
Dans cet univers de violence gratuite, le corps physique prend un coup, mais Niamo s’appui sur son corps intérieur, sur ses convictions pour avancer. Dans cette saga, il exécute le rite de la sagaie. Symbole de la force virile et de la participation au groupe. Il est pris par un tourbillon des vents de Septembre. L’air est chaud. Il bondit et trépigne avec les dieux. Un théâtre qui va à la rencontre de l’invisible par des sons de sifflets, des sons de tambours et des coups d’aiguillon dans son corps du possédé. Ses yeux se révulsent sous un masque rouge. Les muscles du corps font éclater sa chair.
De temps en temps, Niamo s’arrête de jouer. Marque le pas. Des voix, des sanglots sortent de son corps et peu après deviennent des hurlements inhumains. Autour de lui le groupe, le chœur des habitants rythme la vie. Plus vite. Plus fort. Les sifflets vrillent, plus aigus. Les yeux se dilatent. Le visage se couvre de sueur. Alors, au paroxysme de l’extase et de la fureur, le masque, le fétiche de la guérison fait son entrée. Le fétiche est recouvert d’un bois rare et de raphia. Le rouge et le blanc sont les couleurs de son tissus qui descend jusqu’au sol. Signes des deux mondes parallèles. Le fétiche oscille et vient s’immobiliser devant lui. Et Niamo dans une agonie foudroyante, s’abat sur le sol. Se raidit. Se cambre. Secoué par un courant électrique. Dans cette agonie Niamo sort de là vainqueur. Il pivote la tête. Tente de se soulever. Ouvre les yeux. Immobile, dans un râle voluptueux, il est guéri par l’acte théâtrale. Les tambours, les sifflets et les mains se taisent. Le chœur le ranime. Essuie sa bave. Ramène pudiquement le pagne qui découvre son sexe. Un silence oppressant succède à cet acte dionysiaque. La lune lance ses reflets sur les corps des acteurs.
« Sur la braise », un théâtre de vérité.
"Sur la barise", un théâtre de possession où le corps reste le véhicule du sacré.
« Sur la braise », un théâtre où deux mondes marchent en parallèle. Le monde du jour et le monde de la nuit. Le monde de Songui-Songui et le monde de Niamo.
Georges M'Boussi